Par Martinès de Pasqually ♦
Extrait du Traité sur la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine, édition diffusion rosicrucienne, extrait du chapitre X.
[…]
Qu’est-ce que l’Égypte ?
Je commencerai par vous donner l’interprétation du mot Égypte, où vous savez que Moïse prit naissance. Ce mot signifie lieu de privation divine, ou terre de malédiction. C’est là que les ennemis de la volonté divine avaient été précipités avec leurs adhérents. Les nations qui résident dans ce pays et qui en cultivent la terre selon leur pure volonté représentent les premiers esprits prévaricateurs qui n’ont opéré et n’opèrent encore à présent que selon leur volonté, indépendamment de celle du Créateur. Les premiers esprits furent relégués dans la partie du Midi, et c’est dans cette partie que l’Égypte est située. La postérité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ayant prévariqué, tombe sous la puissance des habitants de l’Égypte et y demeure pendant 430 ans. C’est la vraie figure des mineurs spirituels qui succombent sous la puissance des démons. Venons actuellement à Moïse.
Naissance et avènement de Moïse
Tupz, que l’Écriture appelle Amram, de la tribu de Lévi, et Maha, sa femme, que l’Écriture appelle Jocabed, de la propre maison de Lévi, furent élus, quoique en esclavage dans la terre d’Égypte, pour faire naître d’eux une postérité de Dieu qui régénérerait la postérité d’Adam, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et par ce moyen régénérerait la postérité d’Adam. Tupz signifie comble de bonté divine et porte le nombre sénaire, 6. Maha, ou Marra, signifie fécondité spirituelle divine et porte le nombre 4. Tous les deux eurent dans un âge avancé leur postérité, qui consistait en deux enfants mâles et une seule femelle, savoir le père eut en premier lieu Mérian à l’âge de soixante-six ans, 66=3. Aussi, cet enfant fut appelé Mérian, qui signifie terre vierge. Cette fille fut savante en connaissances spirituelles divines et elle fit sacrifice de sa virginité pour opérer le vrai culte permis et ordonné à son sexe. Tupz eut ensuite Aaron, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, 7, et eut son dernier fils Moïse à l’âge de de quatre-vingt-deux ans, 10. Maha enfanta Mérian à l’âge de quarante-huit ans, 3, Aaron à l’âge de soixante-un ans, 7, et Moïse à l’âge de soixante-quatre ans, 10. Tupz et Maha moururent quelque temps avant la sortie de Moïse hors de la terre d’Égypte, sans que je m’occupe de vous fixer la date de leur mort, qui est absolument inutile aux faits dont je veux vous instruire.
Moïse vint au monde le 14e de la lune de nisan, ou de mars. Il fut mis dans une espèce de berceau, ou d’arche, dans laquelle il flotta quelque temps sur les vagues du Nil ; ce mot signifie principe d’action et d’opération spirituelle temporelle. L’avènement de Moïse dans la terre d’Égypte, où toute espèce de nations vivait dans la confusion et dans les ténèbres, représentait l’avènement de l’esprit divin dans le chaos, où il prescrivit à toutes les choses qui y étaient contenues les lois, les actions et les ordres spirituels qui leur étaient convenables. Il vous est dit que les ténèbres ne comprirent point la lumière divine : de même le chaos d’Égypte et ses habitants de ténèbres ne comprirent point la naissance et l’avènement de Moïse au milieu d’eux. Ces peuples n’avaient aucune connaissance du vrai culte. Toutes leurs actions et tous leurs soins se bornaient à satisfaire la cupidité de leur sens de matière, en ne s’attachant qu’à cet instinct animal qui est inné dans tout être passif. Quoique les animaux raisonnables soient assujettis aux mêmes lois que les animaux irraisonnables par l’instinct naturel et inné dans toute forme corporelle, cependant on ne peut nier que les animaux raisonnables n’ayent en ce genre de l’avantage sur les animaux irraisonnables, mais aussi on ne peut nier que ce soit un supplice de plus pour eux quand ils viennent à s’en écarter. On en voit des preuves claires parmi les hommes qui sont attachés à la vie temporelle. Si quelque événement naturel occasionne sur leur forme quelque contraction qui en dérange les lois d’ordre, ils crient au phénomène, ils sont tout épouvantés et, par ignorance, ils se livrent aux soins et à l’instinct d’un de leurs semblables qui, le plus souvent, est aussi ignorant qu’eux et qui serait plus en peine que l’affligé si pareil accident lui arrivait. Cette conduite n’est point surprenante dans ceux qui, en pareil cas, n’ont point recours à leur premier principe spirituel divin, le seul médecin qui guérisse radicalement. Je parlerai de ceci plus amplement lorsque je parlerai des différents événements arrivés chez Israël.
Moïse répète le type de Noé et des patriarches tant passés qu’à venir
Moïse, en flottant sur les eaux, fait véritablement le type de l’esprit du Créateur qui flottait sur le fluide radical pour le débrouillement du chaos, c’est-à-dire qu’il est le vrai type du principe de la création universelle. Il est inutile de répéter ce que signifie ce débrouillement du chaos, vous savez qu’il n’est autre chose que les lois d’ordre et d’action qui furent données à toutes choses contenues dans la masse chaotique. Noé, qui avait été témoin de la manifestation de la justice et de la gloire divine, avait déjà fait le type du Créateur universel. Je vous ferai donc observer que tous les types qu’a faits ce patriarche ont été répétés par les opérations spirituelles de Moïse. Ils ont flotté tous les deux sur les eaux. Noé a réconcilié le reste des mortels avec le Créateur ; Moïse réconcilia la postérité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob avec la Divinité. Noé régénère le culte divin chez les hommes réconciliés ; Moïse le régénère dans la postérité de Jacob. Noé conduit pendant quarante ans les hommes qu’il a réconciliés au Créateur ; Moïse conduit le peuple juif pendant le même temps. Noé offre un sacrifice au Créateur en action de grâce ; Moïse a offert également des sacrifices avec son peuple réconcilié. Je ne finirais point si je voulais vous détailler tous les types que Moïse a répétés, tant ceux de Noé que ceux des patriarches passés et à venir. Je me contenterai de vous exhorter à faire de sérieuses réflexions sur la grandeur du type de Moïse. Vous apprendrez à connaître que cet élu représente parfaitement, par ses opérations, la triple essence divine dans sa création universelle, générale et particulière, ainsi que vous pouvez le voir : la naissance de Moïse, 1, représente l’action même du Créateur ; la réconciliation que Moïse a faite, 2, représente l’opération de l’homme divin, ou du fils du Créateur ; et la conduite du peuple confiée aux soins de Moïse, 3, représente l’esprit divin qui conduit, gouverne et dirige tout être temporel et spirituel inférieur à lui.
[…]Extase de Moïse au buisson ardent et extase du Christ supplicié
Moïse, ayant offert, cette seconde fois, le sacrifice de lui-même en trois divisions distinctes, ce qu’il n’avait point fait la première fois, sentit en lui que son opération avait été agréable au Créateur. Il avait offert premièrement son âme, parce que rien de plus parfait ne peut être offert au Créateur que l’esprit mineur qui a sa ressemblance avec l’esprit divin. Il offrit en second lieu son cœur, ou la puissance spirituelle que l’âme reçoit au moment de son émanation. Cette puissance est figurée par les quatre caractères inscrits dans le cœur du corps de l’homme. Les anatomistes les connaissent, mais, ne pouvant les interpréter, ils les laissent sans explication, j’en parlerai lorsque je traiterai de la matière. Enfin Moïse offre son corps pour exprimer les trois essences spiritueuses d’où proviennent toutes les formes contenues dans l’univers. Après cette seconde opération, l’esprit divin l’appela par le nom de Moïse, le même qu’il avait reçu spirituellement de la fille de Pharaon, ce qui le confirma dans la croyance de la faveur que le Créateur lui accordait préférablement à tous ses frères. L’esprit l’instruisit de la manière dont il entrerait dans le centre de la splendeur du feu divin qui entourait le mont Horeb (cette montagne est appelée mystérieusement buisson ardent). Moïse, y étant entré dénué de tous métaux et de toute matière impure, fit sa prosternation, la face en terre, le corps étendu tout de son long, figurant le repos de la matière abattue par la présence de l’esprit du Créateur et le repos naturel qui est donné à toutes formes après leurs opérations temporelles. Cette attitude figure encore la réintégration nécessaire de toutes les formes corporelles particulières dans la forme générale, ainsi que la séparation, ou suspension, qui arrive à l’âme lorsqu’elle contemple l’esprit, parce que le corps de matière ne peut avoir aucune part à ce qui s’opère entre le mineur et l’esprit divin.
C’est ce que nous ont confirmé les sages et forts élus du Créateur dans leurs extases de contemplation divine, et le Christ lui-même nous l’a fait voir clairement. Cette insensibilité du corps, lorsque l’âme est en contemplation, ne vous sera pas difficile à concevoir. Considérez un homme dans le sommeil. Ne peut-on pas alors disposer de sa forme et même la détruire sans que l’homme qui est endormi puisse la défendre ? On ne dira pas que c’est parce que cet homme a les yeux fermés, puisqu’il y a plusieurs personnes qui dorment les yeux ouverts et qui n’en sont pas plus en sûreté pour cela. C’est donc uniquement parce que l’âme a suspendu la jonction qu’elle fait ordinairement de ses fonctions spirituelles avec les fonctions corporelles de la forme, et le corps reste alors à la conduite de l’agent corporel, qui ne peut avoir la connaissance de ce qui doit lui arriver de funeste ou d’avantageux si l’âme ne la lui communique. La même chose arrive dans la contemplation, lorsqu’elle est assez forte pour affecter vivement l’âme : le corps tombe dans une espèce d’inaction, il n’est susceptible d’aucune impression par la raison que l’âme se porte tout entière vers l’objet de sa contemplation spirituelle. Il ne faut pas croire pour cela que l’âme se soit détachée du corps. Elle n’en est séparée qu’en action spirituelle et non en nature. Nous avons des preuves de cette insensibilité corporelle, lorsque l’âme est en contemplation, dans les supplices qu’on a exercés sur le corps du Christ et sur celui de plusieurs martyrs. Le corps du Christ ne souffrit aucune douleur dans les tourments qu’on exerçait sur lui. Si ce corps faisait quelques mouvements, ce n’était qu’une suite de l’action innée du véhicule que l’on opprimait contre sa loi de nature. Ceux qui, à l’exemple du Christ, se sont exposés à des supplices affreux jouissaient de la même grâce que lui, relativement à leur mission qui ne tendait qu’à la gloire du Créateur. Le Christ était en contemplation avec l’esprit du père et les heureux mortels qui l’ont imité étaient en contemplation avec l’esprit du fils divin. C’est là ce qui nous fait concevoir la suspension de l’action de l’âme et la privation, ou l’ignorance, où le corps reste alors de ce qui s’opère autour de lui. Revenons à Moïse.
Moïse, investi, Aaron et Ur ses deux auxiliaires
Pendant qu’il était dans sa prosternation, il reçut du Créateur les quatre puissances divines nécessaires pour aller opérer contre les quatre régions démoniaques, dont les chefs manifestaient toute leur malice dans la terre d’Égypte contre Israël. C’était par ce sage député que le Créateur devait manifester sa gloire et sa justice. Il lui donna, en conséquence, les mêmes pouvoirs dont Adam avait été revêtu dans son état de gloire ; ce qui nous fait voir que tout homme de désir peut très parfaitement obtenir du Créateur cette quatriple puissance, quoique revêtu d’un corps matériel. Si Moïse fit quelque résistance à la volonté du Créateur, ce ne fut point du tout par désobéissance et par opiniâtreté, c’était uniquement parce qu’il se croyait incapable de remplir la mission que lui donnait le Créateur, vu le défaut d’articuler qui lui était resté depuis l’expérience que la princesse sa protectrice avait voulu faire sur lui dans son enfance. (Cette crainte et cette défiance nous prouvent que la foi parfaite ne peut être en nous, si elle ne nous est donnée d’en haut.) Le Créateur lui fit répondre qu’il eût à prendre avec lui son frère Aaron pour interpréter sa parole et que d’ailleurs il serait assisté d’Ur pour exécuter ses opérations spirituelles. Le nom d’Aaron signifie homme élevé en grâce divine, ou prophète divin, et le nom d’Ur signifie feu du Seigneur, ou l’esprit de la Divinité. Moïse dit alors : « Que la volonté du Seigneur s’accomplisse selon qu’il l’a ordonné pour la délivrance de son peuple et la molestation des Égyptiens ! »
[…]Moïse sur le mont Sinaï
Tels sont les faits spirituels que le Créateur a opérés dans l’univers pour la manifestation de sa gloire et de sa justice par le moyen de Moïse, Aaron, Ur et Josué. C’est ainsi qu’il opérera éternellement pour et contre sa créature spirituelle, supérieure, majeure, inférieure et mineure. Je ne m’arrêterai point à vous détailler tous les faits particuliers qui se passèrent parmi les Israélites depuis leur sortie d’Égypte. L’Écriture parle assez amplement de leurs différentes marches et de leurs campements. Je viendrai tout de suite à ce qui s’est passé sur le mont Sinaï (ce nom signifie hauteur et élévation de la gloire divine). Moïse donne ses ordres spirituels et temporels à son frère Aaron, à qui il confie en son absence tous les enfants d’Israël. Ceux-ci promettent de suivre aveuglément tout ce qu’Aaron leur commandera. Moïse, après avoir ainsi tout réglé dans le camp, se met en marche, accompagné de Josué pour se rendre à la montagne. Quand ils furent vers le milieu, ils virent l’un et l’autre la gloire de Dieu ouverte devant eux et aussitôt Moïse dit à Josué : « Reste ici, car le Créateur m’appelle vers lui. » À l’instant la nue descend jusqu’à la moitié de la montagne et sépare Moïse et Josué, qui ne le revit plus que quarante jours après, lorsque Moïse descendit portant sur le bras droit les deux tables de la loi que le Créateur avait gravées par son esprit très saint. Quand Moïse eut joint Josué, ils marchèrent ensemble vers le camp, Josué se tenant sur la droite de Moïse, qui était le côté où étaient portées les tables de la loi. Mais ils ne furent pas à un tiers du chemin où Josué était demeuré seul qu’un grand cri d’allégresse se fit entendre dans le camp. Ensuite, une voix dit à Moïse : « Va voir ton peuple qui vient de m’outrager, il est ton peuple et non le mien. » Moïse et Josué doublent le pas et, étant arrivés l’un et l’autre à l’entrée du camp qui était tout à fait au bas de la montagne, ils virent les enfants d’Israël danser avec Aaron autour d’un veau d’or.
Le veau d’or et le châtiment des coupables
Moïse en fut si transporté qu’il brisa les tables de la loi qu’il apportait de la montagne et s’adressant ensuite à Aaron :
Pourquoi, lui dit-il, ce peuple a-t-il dansé devant un faux dieu et pourquoi ne l’as-tu pas contenu dans les bornes spirituelles que je lui avais prescrites lorsque je l’ai confié à tes soins ? Quoi ! tu as mis toi-même dans le creuset la matière dont ce faux dieu a été formé et tu as jeté ce peuple dans la même abomination pour laquelle les Égyptiens viennent d’être anéantis ?
Aaron répondit :
J’ai craint, Seigneur, la rage et la fureur des enfants d’Israël. Ils ont levé la pierre contre moi en ton absence et j’ai été forcé d’adhérer à leurs désirs pour les préserver d’un plus grand malheur.
Moïse, encore plus outré de la réponse de son frère Aaron, lui dit :
Descends tout à l’heure au camp d’Israël, vers le soleil couchant, et là tu verras le juste châtiment que le Créateur a réservé au crime des Israélites.
Moïse fait ensuite son opération et son invocation au Créateur, pour obtenir de lui l’élection spirituelle du nombre des élus vengeurs de l’outrage fait à l’Éternel. Il lui fut ordonné de prendre quinze hommes de la tribu de Lévi. Il les partagea en trois bandes de cinq hommes chacune et leur dit ensuite : « Que ceux qui aiment le Créateur prennent à la main le couteau plat qui appuie sur leur cuisse gauche. » Les quinze élus mirent sur-le champ le couteau à la main droite. Moïse en fit bénédiction, puis dit aux élus :
Que la première bande, où est Siméon et Lévi, marche du soleil levant vers le couchant, la seconde du soleil levant vers le midi, et la troisième du soleil levant vers aquilon. Les trois bandes iront ainsi et reviendront trois fois tout au travers du camp d’Israël. Elles passeront au fil de leurs armes tous ceux qu’elles rencontreront, sans considération d’âge ni de parenté, et elles reviendront ensuite à moi accompagnées d’Aaron.
L’ordre de Moïse fut exécuté et il périt par là une multitude d’Israélite, ainsi que des nouveaux convertis à la loi de Moïse. Par ce moyen, le camp d’Israël fut purifié et l’effusion du sang des coupables fit trouver grâce aux Israélites devant l’Éternel.
Rapport des événements précédents avec l’histoire sainte, d’Adam au Christ et à la fin des temps
Il vous est facile d’apercevoir le rapport que ces derniers événements ont avec ceux qui se sont passés depuis Adam jusqu’à Noé, depuis Noé jusqu’à Abraham, depuis Abraham jusqu’à la sortie des enfants d’Israël de la terre d’Égypte, depuis cette sortie jusqu’au Christ, et avec ceux qui se sont passés depuis le Christ et qui dureront jusqu’à la fin des siècles. Moïse assembla les restes des enfants d’Israël qui avaient été préservés de la justice divine opérée par les quinze élus de la tribu de Lévi et, avant de remonter sur la montagne pour aller chercher de nouvelles tables de la loi, il donna au peuple les instructions suivantes sur tout ce qui venait de se passer.
Grand discours de Moïse : Sinaï, tableau réel de l’univers entier
Écoute, Israël ! Je t’ai instruit de la miséricorde infinie que le Créateur a eue pour toi, relativement à l’amour qu’il a eu pour tes pères qui furent justes devant lui. Le Seigneur a fait la même miséricorde à son serviteur Moïse et l’a rendu susceptible d’être mis au rang des pères des enfants d’Israël. Oui, je suis le père temporel des enfants spirituels d’Israël, et non celui de ses enfants charnels et matériels. Tu as été témoin de la manifestation de la gloire et de la justice divines en ta faveur, par la force de mes opérations. Tu as vu avec quel succés je t’ai conduit dans ce lieu de liberté. Tu ne peux ignorer la volonté du Créateur dans tout ce que j’ai fait pour toi. Tu as donc vu en moi la ressemblance de la pensée de l’Éternel, puisque je l’ai lue dans sa gloire et que je l’ai vue face à face. Cette montagne spirituelle que tu m’as vu monter t’annonçait la distance qu’il y a de l’Être créateur à la créature générale, ou la terre. Il y a, au-dessus de cette montagne, quatre cercles imperceptibles aux mortels ordinaires, et qui séparent la cour spirituelle divine d’avec la création universelle. Cette montagne est le tableau réel de l’univers entier. Elle se divise en sept parties, connues sous le nom des sept cieux célestes universels, et les quatre cercles dont je viens de te parler sont appelés surcélestes où s’opère la pensée et la volonté divine, c’est de là d’où provient l’ordre, la vertu et la puissance d’action de tous les esprits qui actionnent dans l’univers. Les sept cieux reçoivent du surcéleste toutes leurs vertus et tous leurs pouvoirs et, ensuite, les communiquent au corps général terrestre. Tel est l’ordre qui règne entre ces trois mondes.
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