Par Papus ♦
Extrait de l’introduction du Traité méthodique de science occulte, lettre-préface d’Adolphe Franck, Paris, Carré, 1891.
La Science occulte
« En résumé la Science occulte peut être considérée sous deux points de vue distincts :
Premièrement, comme doctrine traditionnelle, elle fournit des éléments d’étude tout nouveaux au philosophe et à l’historien. Elle permet de considérer l’antiquité à sa juste valeur et d’affirmer l’existence de découvertes générales touchant nos sciences appliquées, à une époque très reculée.
Les enseignements ésotériques sur la constitution de l’Univers et de l’Homme, sur les êtres invisibles et leur existence permettent de comprendre sous un jour plus scientifique une foule de faits réputés miraculeux.
Enfin, les luttes du Gnosticisme et du Cléricalisme en Occident, les triomphes sans cesse plus complets de celui-là sur celui-ci, mettent l’historien à même de voir clair dans les actions produites par les sociétés secrètes toujours en œuvre depuis la destruction de l’Ordre du Temple.
Secondement, comme méthode, la Science occulte vient donner à tous les chercheurs contemporains un nouvel outil de travail. Il n’est point besoin d’approfondir les théories philosophiques de l’ésotérisme pour bien comprendre cette méthode de l’analogie qui fournit aux expérimentateurs des éléments multiples de recherches.
En associant les données théoriques fournies par l’analogie aux preuves fournies par la méthode expérimentale on peut refaire sur un plan tout nouveau la plupart de nos traités de Physique, de Chimie, d’Histoire naturelle et même de Philosophie et de Psychologie. Il y a là une source de travaux dont quelques-uns ont été déjà entrepris, mais dont la plus grande partie reste à la disposition de qui voudra s’en emparer.
La Morale ;
Dans l’antique Orient il n’y avait ni récompense ni punition après la mort ; l’homme était récompensé dans ce monde-ci, soit sur sa personne, soit sur celle de ses descendants et toujours dans les intérêts matériels.
La théologie égyptienne accordait deux âmes à l’homme, l’âme intelligente et pensante, au sortir du corps se rejoignait à l’intelligence suprême dont elle était émanée ; l’autre, l’âme sensitive, rentrait par la porte des dieux ou le Capricorne, dans l’Amenthès, le ciel aqueux où elle habitait toujours avec plaisir, jusqu’à ce que, descendant par la porte des hommes ou le Cancer, elle vînt animer un nouveau corps [1].
Cet extrait résume une grande partie des arguments invoqués par l’ésotérisme en faveur de la foi rationnelle, source de la morale.
La science prétendait tuer à jamais toute possibilité d’une foi quelconque, grâce à la rigueur de ses démonstrations. Cette rigueur même est venue étendre le domaine de la foi, abandonnant les affirmations creuses de la théologie pour s’éclairer par les découvertes sans cesse plus étonnantes de l’expérimentalisme.
La Vérité ne saurait plus être l’apanage exclusif d’un culte ou d’une secte. Les principes de l’ésotérisme sont identiques au fond du bouddhisme comme au fond du christianisme, il ne peut y avoir qu’une Science et qu’une Morale comme il n’y a qu’une Vérité, aucun de ces termes ne saurait être l’opposé des deux autres. » […]
Note :
[1] Porphyre, De antro nympharum cité par Brière.