De la signature des choses
Le nom de Jacob Boehme (1575-1624) est passé à la postérité avec le titre que lui avaient donné ses fidèles : Philosophus teutonicus. Pour Schelling et Hegel, Boehme sera le père de la philosophie allemande. Au XVIIe siècle sa renommée avait gagné la Hollande, où ses œuvres furent éditées, puis l’Angleterre : Newton, dit-on, avait recueilli l’écho de sa pensée. En France, à l’aube du siècle dernier, Louis-Claude de Saint-Martin s’est fait son disciple et son traducteur. Il a fait connaître le nom de Boehme dans les milieux de l’illuminisme français.
Cordonnier de son état, Boehme écrivait sur dieu, la nature et l’homme. Il se fondait sur ses propres visions et sur la Bible qu’il connaissait par sa pratique fervente de protestant luthérien. Par-delà le luthéranisme, il s’inspirait de la théologie mystique qui était le lointain héritage de Tauler. En même temps, il puisait à la source de l’hermétisme que Paracelse, l’illustre médecin suisse (1493-1541), avait fait jaillir.
D’une science de la nature nourrie d’astrologie et d’alchimie, Boehme a fait une science de Dieu se révélant dans le processus créateur. La médecine, qui est l’objet du traité traduit et présenté par Pierre Deghaye, se comprend à l’échelle de cette révélation qui s’achève dans l’homme. Elle a pour fin la régénération totale de l’homme qui, en lui, actualise l’image de Dieu. Boehme décrit notre « nouvelle naissance » en termes d’alchimie céleste.
1. Pour l’homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, quelles que soient ses activités, la plus utile est de toujours méditer sur sa condition : qu’est-il ? d’où lui viennent le bien et le mal ? comment se tourne-t-il vers le bien et comment vers le mal ? C’est dans ces pensées qu’il trouvera la cure pour son corps et pour son âme, et qu’il apprendra à la mettre en œuvre ; il saura comment il doit se préparer pour que son corps et son âme s’ouvrent à l’œuvre de salut. Il connaîtra son créateur et les mystères des sublimes merveilles de Dieu lui seront révélés. Ce qui sera éveillé en lui, ce sera non seulement cette connaissance, mais encore le désir fervent de recevoir la grâce de Dieu et son amour, afin que Dieu soit son refuge.
Par la vertu de l’esprit qui est la volonté habitant ce désir et qui en lui s’élève vers Dieu, l’image de Dieu se révèle à elle-même. C’est ainsi que Dieu se révèle à lui-même par son Esprit dans l’Être qui est la substance de son désir éternel.
2. Si Dieu a créé l’homme pour être son image selon l’Être dans lequel il se manifeste, éternel et temporel, s’il a fait de lui le maître et l’intendant de sa création, s’il a mis toutes choses sous ses pieds, ce n’était pas pour qu’il se comportât comme une bête inintelligente, mais pour qu’il exerçât sa pensée à connaître les merveilles de Dieu dans sa création et le Dieu sublime, Un et Trine, pour qu’il sût comment régler sa vie et comment en répondre devant Dieu dans l’état que Dieu lui a assigné en ce monde. Ainsi pourra-t-il obtenir le salut de son corps et de son âme, et il entrera en possession de l’héritage en vue duquel Dieu l’a créé.
(Préface de l’auteur au lecteur amant de la Sagesse)
L’Aurore naissante ou la racine de la philosophie
de l’astrologie et de la théologie
L’Aurore Naissante ou la racine de la philosophie de l’astrologie et de la théologie, contenant une description de la nature, dans laquelle on explique comment tout a été dans le commencement ; comment la nature et les éléments sont devenus « créaturels » ; ce que sont les deux qualités bonne et mauvaise, dont toute chose tire son origine; comment ces deux « qualités » existent et agissent maintenant, et ce qu’elles seront à la fin des temps ; ce qu’est le royaume de Dieu et le royaume infernal ; et comment les hommes opèrent « créaturellement » dans l’un et dans l’autre : Le tout exposé avec soin, d’après une base vraie, dans la connaissance de l’esprit, et par l’impulsion divine.
Traduit de l’Allemand, de Jacob Bœhme, sur l’édition d’Amsterdam, de 1682 par le Philosophe Inconnu
Bienveillant lecteur, je compare toute la philosophie, l’astrologie, la théologie, en y joignant la source d’où elles dérivent, à un bel arbre qui croit dans un superbe jardin de délices.
La terre où est cet arbre lui donne continuellement son suc, qui le rend vivant, et le met dans le cas de végéter par soi-même, de devenir grand, et de se déployer dans ses branches majestueuses.
Or, de même que la terre, par sa vertu, opère sur l’arbre pour qu’il s’accroisse et s’agrandisse, de même aussi l’arbre, par le concours de ses branches, agit sans cesse de tout son pouvoir, afin de porter plus en plus d’excellents fruits.
Mais si l’arbre vient à porter peu de fruits, s’il n’en porte que de médiocre, ou des véreux, on ne dira pas que la nature de cet arbre soit de porter ainsi de mauvais fruits, puisqu’il est magnifique et d’une excellente qualité ; mais cela vient de ce qu’il aura été attaqué par le grand froid, la grande chaleur, ou d’autres intempéries, par des chenilles, et par les insectes ; car les propriétés (ou les influences) que les étoiles répandent dans l’espace, le corrompent et l’empêchent de porter de bon fruits en abondance.
(Préface au lecteur)
De la vie au-delà des sens
De la vie au-delà des sens, Ou l’entretien d’un Maître avec son disciple sur la façon dont une âme peut accéder à la vision et à l’écoute divines, sur ce qu’est son enfance dans la vie naturelle et surnaturelle, sur la façon dont, sortant de la nature, elle pénètre en Dieu et, sortant de Dieu, revient à la nature de son existence propre, et sur ce que sont sa béatitude et sa perte. Écrit en l’an 1622 par Jakob Bœhme.
Le disciple demanda au Maître :
Comment puis-je accéder à la vie au-delà des sens, de sorte que je voie Dieu et L’entende parler ?
Et le Maître lui dit :
Si tu peux un instant t’élancer en ce lieu que n’habite nulle créature, alors tu entends ce que Dieu dit.
Ce lieu est-il proche, demanda le disciple, est-il lointain ?
— Il est en toi, dit le Maître. Et si tu peux une heure durant faire silence de tout ton vouloir et de toute ta pensée, alors tu entendras les paroles inexprimables de Dieu.
Comment puis-je entendre si je me tiens dans le repos du penser et du vouloir ?
— Lorsque tu te tiens dans le repos du penser et du vouloir de ton existence propre, alors l’ouïe, la vue et la parole éternelles se manifestent en toi, et Dieu entend et voir par toi.
Ta propre ouïe, ton propre vouloir, ta propre vue, voilà ce qui t’empêche de voir et d’entendre Dieu.
Par quel moyen me faut-il entendre et voir Dieu s’Il est au delà de la nature et de la créature ?
— Lorsque tu te tais et reposes, alors tu es cela qu’était Dieu avant la nature et avant la créature, cela dont Il a fait ta nature et ta créature.
Alors tu L’entends et Le vois par cela même par quoi Dieu voyait et entendait en toi avant que ne commencent ton propre vouloir, ta propre vue et ta propre ouïe.
De l’incarnation de Jésus – Christ
Exposé en trois parties, à savoir :
Comment le Verbe éternel est devenu homme, et de la Vierge Marie ;
Que nous devenons entrer dans les souffrances, l’agonie et la mort de Christ ;
De l’arbre de la foi chrétienne;
Lorsque nous considérons comme nous sommes doubles, avec double sens et volonté, nous ne pouvons mieux arriver à la connaissance qu’en considérant la création : Dans la grossière pierre qui gît sur le sol se trouve souvent le meilleur or ; là nous voyons donc comment l’or brille dans la pierre, qui est inerte cependant, et ne sait qu’elle renferme un si noble or.
Ainsi en est-il de nous : nous sommes un soufre terrestre; mais avec un soufre céleste dans le terrestre ; chacun retenant sa propriété. Ils sont bien mêlés dans ce temps, mais n’inqualifient point ensemble ; l’un est seulement l’habitacle et le contenant de l’autre, comme nous le voyons à l’or : la pierre grossière n’est pas l’or, mais son contenant (gangue) seulement. La grossièreté ne produit pas non plus l’or ; c’est la teinture du soleil qui l’engendre dans la pierre grossière : celle-ci est la mère et le soleil le père ; car le soleil engrosse la pierre brute, parce qu’elle renferme le centre de la nature d’où le soleil tire son origine. Si nous voulions poursuivre jusqu’au centre, nous l’exposerions ; mais comme cela a été suffisamment développé dans d’autres écrits, nous en restons là.
Ainsi en est-il de l’homme : l’homme terrestre représente la grossière pierre, et le Verbe qui devint homme, le soleil ; celui-ci engrosse l’homme corrompu pour cette cause-ci : l’homme corrompu pour cette cause-ci : l’homme corrompu est bien terrestre, mais il tient de l’éternité le centre de la nature ; il soupire après le soleil divin, car, lors de sa création, ce soleil entra dans la formation de son être. Mais la pierre grossière a débordé et englouti en soi le soleil, de façon qu’il est actuellement mêlé au soufre grossier et ne peut lui échapper, à moins d’une purification par le feu, qui fondant ce qu’il y a de grossier, met à nu le soleil. Applique cela au mourir et à la corruption : la grossière chair terrestre se fond et il ne reste uniquement que la chair virginale spirituelle.
Extrait du Chapitre XIV, numéro 4 et 5 -1ère partie du livre)
Des trois principes de l’essence divine
Texte traduit de l’allemand par Louis-Claude de Saint-Martin.
On ne peut trouver Dieu que dans les profondeurs de son propre cœur. Il est vain de chercher la sagesse divine dans les académies et les livres. La conception du monde de Boehme est toute symbolique. Le monde visible en entier est symbole du monde intérieur. Connaître Dieu est un devoir de l’homme, créé pour cela. Boehme est un symboliste mais non pas idéaliste, au sens de l’idéalisme allemand du XIXe siècle. C’est un réaliste. Il n’a pas perdu le lien vivant avec l’existence réelle, ne s’est pas enfermé dans le monde de la pensée abstraite, de l’être, ni dans le monde des expériences subjectives personnelles… Boehme, le premier dans l’histoire de la pensée humaine, a fait de la liberté le fondement premier de l’Être, elle est pour lui plus profonde et plus primaire que tout Être, plus profonde et plus primaire que Dieu lui-même. (Nicolas Berdiaeff)
Depuis sa naissance, et pendant toute la durée de sa vie dans ce monde, l’homme ne peut rien entreprendre de plus important et de plus utile pour lui, que de chercher à se bien connaître lui-même : 1. Ce qu’il est ? 2. D’où et par qui ? 3. Pourquoi il a été formé ? ; et 4. Quel est son emploi ? Dans cette sérieuse recherche il trouvera : 1. Comment toutes les choses, qui existent sont provenus de Dieu ; il trouvera : 2. Comment parmi tout ce qui existe, il est la plus noble des créatures ; de-là il trouvera aisément : 3. Quels sont, les plans de Dieu à son égard, puisqu’il l’a établi souverain sur tontes les créatures de ce monde et que, de préférence à elles, il l’a doué de la pensée, de la raison et de l’intelligence, et sur-tout de la parole, afin qu’il puisse discerner tout ce qui se fait entendre, tout ce qui se meut, tout ce qui croît ; juger des propriétés, du cours et de la source de toutes choses ; et les tenir toutes sous sa puissance, en sorte qu’il soit le maître de les lier toutes par sa pensée et sa raison ; de les employer et de les diriger à sa volonté, et comme il lui plaît.
Mais Dieu lui a donné encore une bien plus haute et plus grande connoissance, par laquelle il peut voir dans, le cœur de toutes choses, quelle sont les essences, les puissances et propriétés qui leur appartiennent : soit parmi les créatures, dans la terre, les pierres, les arbres, les plantes, dans tout ce qui a du mouvement, ou ce qui n’en a point, ; soit même aussi dans les astres et les élémens, en sorte qu’il connoisse leur essence et leur puissance, et comment c’est dans cette puissance que gît toute sensibilité naturelle, la croissance, la multiplication et toute essence vivante.
Quarante questions sur l’origine, l’essence, l’être, la nature
et la propriété de l’âme et sur ce qu’elle est d’éternité en éternité.
Texte traduit par Louis-Claude de Saint-Martin. Jacob Boehme s’attache à répondre aux questions concernant l’âme, son origine, sa nature et ses propriétés. D’où est provenue l’âme au commencement du monde ? Telle est la première d’entre elles. Qu’est-ce que l’âme ?
Boehme nous répond : L’âme est l’œil de Dieu. Et d’ajouter : De plus, vous trouvez dans le feu une image de l’âme : l’âme est un feu essentiel… Elle contient, recèle, embrasse tout. Après avoir élucidé les origines et la nature de l’âme, il soulève d’autres questions : peut-on aider les âmes en souffrance ? Qu’en est-il de ceux qui ne sont ni tout à fait bons, ni tout à fait mauvais ? Les morts s’occupent-ils de nous ? Qu’est-ce que le paradis et où est-il ?
Vous savez par la raison, que toutes choses sont provenues et dérivées de l’éternité; et l’Ecriture vous dit aussi : toutes choses sont dans Dieu, nous vivons et nous nous mouvons en lui, et nous sommes sa race.
Et quoique nous ne puissions pas dire de Dieu, que la pure divinité soit la nature, mais la majesté dans le Ternaire, nous devons cependant dire que Dieu est la nature. Quoique la nature ne le saisisse, ni ne le comprenne pas plus que l’air ne saisit l’éclat du soleil, nous devons néanmoins convenir qu’elle est engendrée dans sa volonté, et qu’elle est un attract de l’éternité ; car où il n’y a aucune volonté, il n’y a aucun desir.
Mais dans Dieu il y a une éternelle volonté (qui est lui-même) d’engendrer son cœur ou son fils; et cette même volonté opère l’émotion et l’expansion du cœur hors de la volonté, ce qui est un esprit. En sorte que l’éternité consiste en trois formes éternelles, qui sont nommées personnes f comme nous l’avons soigneusement expliqué dans le troisième livre.
Or, si nous voyons et si nous savons qu’elle n’est pas seulement lumière et majesté, mais aussi ténèbres, comme cela est évident, alors nous devons également savoir d’où proviennent les ténèbres ; car dans l’éternité, au-delà de la nature il ne peut point y avoir de ténèbres, attendu qu’il n’y a rien qui les engendre. Nous ne devons (donc) regarder que dans la volonté et dans le désir. Car un désir est attirant ; et dans l’éternité cependant il n’a rien que lui-même qui s’attire dans la volonté, et qui donne à la volonté la plénitude. Ce sont là ses ténèbres. Autrement si là il n’étoit pas desirant, il ne seroit rien, mais un éternel repos, et non un être.
(Extrait de la première question, n°3 à 6)
Mysterium Magnum
Le Mysterium Magnum est l’une des œuvres les plus importantes de Jacob Boehme. Il s’agit d’un commentaire ésotérique du premier livre de la Genèse. Boehme y reprend tous les thèmes liés à sa vision du monde, évoquant la naissance de Dieu, la création des anges, la chute de Lucifer, l’histoire de l’homme androgyne, de sa chute dans le monde terrestre et l’importance de la venue du nouvel Adam, le Christ.
Le texte de Boehme est précédé par deux études Nicolas Berdiaeff sur les thèmes fondamentaux de la théosophie de Boehme :
L’Ungrund (le sans-fond qui est l’origine de toute la création)
Sophia et l’androgynat.
Quand la teinture de feu sera absolument épurée, alors en elle retournera la Sophia. Adam, de nouveau, étreindra sa noble fiancée qui lui fut ravie durant son premier sommeil, et il n’y aura plus alors ni homme ni femme, mais seulement un rameau sur l’arbre, fait de perles, du Christ, dans le paradis divin.
Ce Néant, ce Rien absolu, cet Ungrund n’a pas la pensée de lui-même. Il est « l’Unité éternelle », le Mysterium magnum, la Parole non émanée dans la Trinité. Mais il n’en a pas moins l’intuition de lui-même, à savoir de l’Un qui est le Tout.
La Naissance de Dieu ou la doctrine de Jacob Boehme
Dans la ville de Görlitz, à l’actuelle frontière entre la République démocratique allemande et la Pologne, Jacob Boehme (1575 1624) était cordonnier de son métier et théosophe par vocation. Ses méditations sur Dieu et la nature se sont fixées dans une œuvre qui a rayonné jusqu’à nos jours. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la théosophie de Boehme a pénétré le piétisme allemand. Elle s’est propagée en Hollande et en Angleterre. En France, Louis-Claude de Saint-Martin se « convertira » à Boehme. Au sein de la franc maçonnerie templière, Boehme apparaîtra comme le garant de la tradition. Les romantiques allemands célébreront sa mémoire. Hegel lui consacrera tout un chapitre de son Histoire de la philosophie. Schelling verra en lui une « figure extraordinaire » dans la lignée des grands esprits qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Plus près de nous, le philosophe Nicolas Berdiaev a été inspiré par l’auteur du « Mysterium Magnum ». Enfin Jacob Boehme a été cité avec faveur par Carl Gustav Jung.
La pensée de Boehme a suscité de très nombreux échos, cependant il reste à la redécouvrir à travers les propos qui se sont greffés sur elle. On a fait de Boehme un précurseur, mais en projetant sur son oeuvre une modernité qui a fini par l’occulter. Comment retrouver Bœhme? Il est difficile de revenir en arrière. Un esprit moderne a beaucoup de mal à oublier Hegel. Notre sensibilité littéraire nous attache aux sortilèges de la nuit romantique.
Il fallait relire boehme en acceptant le total dépaysement. Pierre Deghaye s’est soumis à cette stricte discipline. Pendant des années il a lu boehme et il nous invite à revivre avec lui ce retour aux textes. Son analyse n’est pas purement littérale. Elle vise l’esprit, cependant elle part de la lettre sans jamais l’éluder. Or, à mesure que le commentaire progressé, on découvre un système cohérent, qui a sa logique propre. On voit s’édifier une doctrine spirituelle que Boehme a développée avec rigueur et obstination.
Pierre Deghaye commente une oeuvre dont l’accès est très difficile. Néanmoins il a le souci de la faire comprendre. Il ne s’enferme pas lui-même dans un hermétisme commode. Son exigence de clarté est le défi de son livre.
Jacob Boehme
On a peine à croire que la pensée et l’oeuvre de Jacob Böhme n’ont fait l’objet, jusqu’à présent, d’aucune étude en français qui soit à la fois assez générale et assez sérieuse pour intéresser le public cultivé.
La traduction française du travail de Gerhard Wehr, que l’on trouvera dans ce « Cahier Jacob Boehme », vient combler cette lacune. On y voit apparaître tel qu’il fut, écrivit et pensa, ce théosophe chrétien mort en 1624, qui exerça sur la pensée allemande et européenne une influence dépassant même le seul domaine de l’hermétisme. Aborder Böhme, c’est retourner aux origines de la philosophie moderne, qui procède de lui à travers le cheminement d’un long processus de pensée sécularisante ; c’est aussi effectuer un pèlerinage aux sources, car de tous les théosophes occidentaux il n’en est peut-être pas de plus puissant, de plus attachant ni de plus génial.
Ce « Cahier » contient d’autre part deux textes rares de Jacob Böhme qui n’ont connu qu’une édition, en 1807, dans une traduction en français de Louis Claude de Saint-Martin. Deux textes qui condensent l’essentiel de la pensée de Böhme. Un troisième volet s’imposait. Pierre Deghaye, sans nul doute le meilleur spécialiste de Boehme en France, a accepté de se charger du rôle délicat mais point ingrat d’exégète. Puisse ce « Cahier Jacob Boehme » inciter les lecteurs à méditer sur l’un des aspects fondamentaux, bien que trop longtemps négligés, de notre culture occidentale, et leur offrir, de surcroît et pour leur propre compte, quelques motifs de réflexions spirituelles.
Au sommaire de ce cahier exceptionnel :
De la base sublime et profonde des six points théosophiques – traduction par Louis Claude de Saint-Martin
Mysterium Pansophicum : traduction Louis Claude de Saint-Martin, Pierre Deghaye : Psychologia Sacra, Bibliographie.