Par Philippe Deschamps ♦
Extrait de Le Graal, une quête intérieure, Diffusion Rosicrucienne, collection Université Rose-Croix Internationale.
« La synthèse qui suit contient un résumé des légendes d’Arthur et de la Table ronde. Ce texte, sans lequel une compréhension réelle du sens de la saga devient très difficile, en représente une libre adaptation. Beaucoup d’ouvrages ont proposé des explications à propos du Graal, sans donner une idée ne serait-ce que générale du cycle complet. A l’opposé, le défunt écrivain Jean Markale, spécialiste des thèmes du celtisme, en a établi un libre exposé de huit tomes, auxquels les férus du sujet pourront se rapporter. Il restait donc de la place pour réaliser un travail intermédiaire :
– Premièrement, restituer succintement l’ensemble de la légende d’une manière telle qu’aucune oeuvre cinématographique n’a pu le réaliser, en raison de la longueur et du foisonnement du thème ;
– Deuxièmement, mettre en évidence les idées véhiculées et en montrer la portée souvent insoupçonnée.
Il restait encore à restituer le Graal dans un contexte plus universaliste, transcendant l’espace et le temps. Ainsi naquit l’idée d’une aventure universelle du Graal, qui commence avant le temps, au coeur de la mythique Atlantide, se poursuit à l’époque du Christ, prend corps au XIIe siècle et ne s’achèvera qu’à la fin des temps. Prenez-là comme une allégorie, ou comme un conte si vous le désirez. Il s’agit d’une synthèse intuitive romancée, établie à partir de connaissances réelles qui appartiennent à ce que l’on appelle » la tradition primordiale ». Cette libre interprétation n’engage pourtant que son auteur.
L’aventure universelle du Graal
Lorsque les sages atlantes prirent la décision de transmettre leurs connaissances aux peuples de la terre, leur premier souci fut de trouver une ou des civilisations suffisamment évoluées pour reconnaître leur valeur et leur servir de gardiens. Ils examinèrent deux choses : les peuples en question étaient-ils capables d’extirper leur pensée du culte de la nature et du polythéisme ? Les conditions géographiques dans lesquelles ils évoluaient permettaient-elles une certaine stabilité sociale, une fécondité scientifique, le développement d’une société de relatifs loisirs propices à la méditation et à la recherche ?
Sur son chemin, un couple de ces sages rencontra l’Égypte. Le pays baigné par les eaux du Nil, fleuve généreux, bénéficiait à la fois de la chaleur, de la fertilité et de l’encadrement de deux mers. Situé quasiment au carrefour de trois continents, l’Europe, l’Afrique et l’Asie, il recevait l’apport constant d’une mosaîque de peuples. Bien avant les pharaons noirs et blancs ne prennent tour à tour le pouvoir, le mélange des nations et des cultures semblait promettre à la mère de la civilisation un avenir radieux et surtout durable. Le couple d’Atlantes transmit au peuple égyptien un tel art du gouvernement qu’aucun empire sur terre ne peut se targuer d’une telle longévité de presque 4000 ans, et il n’y en aura probablement plus jamais. Reconnaissante, la mythologie égyptienne se souvint d’eux sous les identités de deux de leurs dieux principaux : Isis et Osiris.
Un autre groupe venu d’Atlantide découvrit une tribu vivant dans une zone située près de la mer Caspienne ou de la mer Noire. Ce peuple de Ram avait déjà vécu une sorte de déluge. En effet, lors d’un immense tremblement de terre, les eaux de la mer Noire s’étaient soudain déversées sur les plaines immenses dont la tribu avait fait son territoire. Traumatisée par l’événement, elle ne vit aucune difficulté à intégrer dans ses traditions la mésaventure vécue en Atlantide.
La richesse de ce peuple nomade découlait de son agressivité. L’histoire démontra que par son esprit conquérant, il sut envahir l’Italie et la Grèce, le Moyen-Orient jusqu’à l’Iran. Il poursuivit même au-delà de l’Indus. La branche celte de cette maison s’étendit à travers l’Europe, pour gagner ce qui devint les trois Bretagnes et l’Irlande. La science moderne aurait même découvert leurs descendants en Chine.
L’étude des langues montre qu’Étrusques, Doriens, Iraniens, Celts et Aryas, tous ces peuples doivent leur existence à cette tribu originelle qui s’exprimait probablement en sanskrit. Évidemment, dans chaque peuplade, des traces de transmission d’une connaissance commune primitive se révèlent perceptibls, notamment la présence répétée d’un chaudron aux pouvoirs fabuleux, rempli d’un liquide aux vertus transcendantes, probablement l’ancêtre de notre Graal.
Le groupe des Sarmates et leurs descendants, les Nartz, originaires des steppes situées entre Caspienne et mer Noire, entretenaient par exemple le souvenir d’un de leur chef : Batraz. Ces peuples furent connus grâce aux descriptions qu’en fit l’historien grec Hérodote dans le livre IV de ses Histoires. Les Nartz possédaient un vaisseau ou un vase sacré, le Nartamonga, qui ne pouvait servir qu’un héros parfait. Ils se livraient souvent bataille, affirmant ainsi leur suprématie les uns sur les autres, afin de s’emparer du récipient. Deux d’entre eux s’affirmèrent particulièrement brillants à cette joute : Soslan et Sozyrykn. Mais Batraz, leur chef, trouvait toujours une faille dans leurs comportements et leurs qualités. Finalement, il mit au défi l’ensemble du groupe de trouver une seule occasion où lui, Batraz, les aurait déçus. Comme nul ne trouvait rien à dire, il obtint la garde du Nartamonga et bénéficia à la fois de l’héroisme et de l’inspiration qu’il procurait. »
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